Date de vente : 31/05/13

Europ Auction

ESTIMATION
100 000 - 120 000 €

 Resultat : 95 000 €

LOT n°73

CABINET et son piétement en marqueterie de fleurs. Il repose sur une base à neuf colonnes reliées par une entretoise à entrelacs et une ceinture supérieure à quatre tiroirs découpée de lambrequins. Le cabinet proprement dit présente une façade symétrique où deux rangées de cinq tiroirs encadrent une partie centrale à trois pilastres et un fronton brisé, dissimulant deux portes qui s'ouvrent sur le théatre. Une balustrade ornée de pots-à-feu en bronze doré termine l'ensemble. La marqueterie est composée d'un fond d'écaille teintée, encadré de placage d'ébène (ou de bois noirci et verni) et de filets de bronze doré. Chaque compartiment et les lambrequins du piétement offrent un décor foral de bois et d'ivoire teintés. Les portes en façade reprennent ce même théme avec des vases et des bouquets. L'intérieur, le "théatre", découvre un décor de glaces et de perspectives simulant des galeries de palais ou des architectures, en ivoire, noyer et ébène... Ornementation de bronze doré Attribué à Pierre Gole France, vers 1665-1670 H 191, L 152, P 52 cm Bibliographie: Th.H. Lunsingh Scheurleer, "Pierre Gole, ébéniste de Louis XIV", Dijon, 2005. La mode des cabinets, héritiers des "barguenos" s'est répandue d'Espagne aux Flandres, et touche la France au début du XVII° siècle. Ils sont d'abord en ébène, avec des décors gravés ou sculptés en bas-relief, et des motifs figurant des scènes mythologiques ou religieuses (le terme même d'ébéniste apparu à cette époque est une résultante de cette mode). La marqueterie fait son apparition sous Louis XIV, vers 1660, quand commence le règne personnel du Roi. Au style un peu austère des années précédentes succède une explosion de lumières: les meubles s'enrichissent de bronzes dorés, et de couleurs éclatantes, avec des fonds clairs (ivoire, étain, etc.) ou polychromes (bois teintés, écaille de tortue, etc.). Pierre Gole et le jeune André-Charles Boulle, tous-deux originaires des provinces septentrionales, rivalisent avec l'italien Domenico Cucci. Ils sont incontestablement les maîtres de ce gout moderne et joyeux. Les piétements restent classiquement simples comme celui de la cassette de Gole, vers 1655, conservée au Musée des Arts décoratifs (Paris) ou celui de la table (vers 1665) qui lui est attribuée, au Met (New-York). Ces colonnes à cannelures, vraies ou simulées, précèdent les cariatides ou les atlantes de bois doré des années 1680. De même, les grandes portes ouvragées qui fermaient les façades du début du siècle ont disparu au profit des tiroirs, qui sont autant de petits tableaux individuels, encadrant les deux portes du théatre. Plusieurs cabinets sont assez proches au notre. Burghley House, à Stamford (G.B.), en conserve un, mentionné dans l'inventaire de 1688 comme "... inlaid large french cabinet...". Il provient d'un achat du 5ème comte d'Exeter auprès de Gole lui-même en 1679 et semble correspondre à une commande de 1663 pour la chambre du Roi à Vincennes: " un cabinet d'architecture fond d'ébène et de marqueterie de fleurs avec des ornements de bronze doré ", accompagné de deux guéridons, l'ensemble payé la somme très importante de 1100 L., (finalement échangé et retourné à Gole, quand Vincennes est délaissé). Quoique plus étroite, sa structure est similaire à celle de notre cabinet, jusqu'à l'entretoise chantournée (à l'exception des fleurs de lys) et la galerie à balustres garnie de vases. Le "Merry Cabinet", provenant des collections des ducs de Hamilton puis James Merry et aujourd'hui au Fine Arts Museums de San Francisco, offre les mêmes caractéristiques, avec un plateau plein à la place de l'entretoise. Dans ces deux cabinets, comme sur le notre, la symétrie architecturale de la construction est parfaite. De même la décoration des panneaux de marqueterie est traitée indépendamment les uns des autres quoique dans un registre identique et on retrouve les mêmes différents motifs de feuillages d'acanthe au bas des tiroirs. Parmi les détails comparatifs, on peut noter que l'intérieur des tabernacles reprend un travail de perspectives, à base de carreaux (en fait des losanges) d'ivoire et d'ébène imitant un pavage, et d'arcades. Une étoile cruciforme décore le parquet de notre théatre, placée au plafond de celui de Burghley House. On retrouve sur le pourtour des façades intérieures des portes du " Merry cabinet " une frise reprise dans des matières et des tons différents sur les portes de notre cabinet. Les entrées de serrures très particulières se rencontrent sur un bureau décoré de marqueterie de fleurs, d'écaille et d'ornements en cuivre, vers 1680. La présence sur le fronton de deux éléments de bronze doré en forme de dauphin peut être une évocation de la naissance du Dauphin, fils de Louis XIV, en 1661

 SHOWROOM - CENTRE VILLE DE VALENCE (26)

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