Date de vente : 08/06/16

Eve

ESTIMATION
40 000 - 60 000 €

 

Resultat : 118 750 €

 


LOT n°295

 

CABINET D’APPARAT en marqueterie de pierres dures, XVIIème siècle.
En placage d’ébène, bois noirci, palissandre et loupe d’orme sur un bâti de chêne maillé. La façade, à léger ressaut central ouvrant à quinze tiroirs répartis autour d’une porte à décor architectonique découvrant un théâtre à perspective en marqueterie géométrique flanqué de deux colonnes. Il est orné de plaques de « pierre dure » (jaspe, lapis lazuli, serpentine, jaune de sienne, brèche de Sicile, travertin, etc…) et de « pietra paesina »provenant des ateliers florentins soulignées d’une frise en bronze doré de feuilles d’eau ainsi que les entrées de serrure et mains de tirages à têtes d’anges. Les côtés en losange reçoivent un décor de putti jouant avec une chèvre, encadrés par des rinceaux de fruits et fleurs.
La partie basse en chêne maillé ouvre à un large tiroir incurvé en ceinture rythmés par des agrafes de feuilles d’acanthe et pose sur un entablement porté par quatre pieds cambrés à enroulements feuillagés portés par des têtes de maures au turban en bois doré dans les angles. Un aigle bicéphale dans une couronne de fleurs et lauriers centre le tablier de la console. La base forme violonée en placage de ronce de noyer soulignée de filets d’ébène et reçoit en son milieu deux putti adossés à une colonne ornée de feuilles d’acanthe. Pose sur quatre pieds griffes en bois noirci.
Petits manques au placage ainsi qu’à la marqueterie de marbres. Restaurations notamment les fonds de la ceinture de la console.
Travail du milieu du XVIIème siècle, Toscane, Italie.
Le cabinet est le meuble de prestige par excellence. Il répond aux volontés humanistes de connaître l’Homme et la Nature. Il est conçut pour contenir les objets les plus précieux d’un «cabinet d’amateur». Mue par la curiosité envers les phénomènes naturels, le cabinet lui-même contenant, reflète la virtuosité des ébénistes ainsi que de l’emploi des matériaux les plus curieux et précieux.
Les ateliers Lapidaire du Nord de l’Italie et de l’Europe centrale, telle Prague et puis Dresde se sont exercés dans l’utilisation des pierres dures dont les cabinets sont l’illustration la plus aboutie.
Le cabinet que nous présentons est impressionnant par sa diversité des matériaux et de son décor. Ainsi, sa qualité est confirmée par des détails visibles aux premiers abords. Les tiroirs sont constitués de fines tranches de bois de violette massif et fond plaqué, bois exotique des plus précieux domaines. Mais aussi les fonds des tiroirs en chêne ondé sont également plaqués de palissandre. Ce meuble destiné à contenir les objets les plus précieux devient lui-même un objet de préciosité.
Les cabinets, successeurs des monstrances, bien qu’ayant la même fonction, c’est-à-dire contenir les objets les plus convoités, répond à une philosophie toute autre. Les monstrances, meubles simples, ont pour fonction de dévoiler aux visiteurs, les richesses de son propriétaire alors que le cabinet, impressionne par lui-même et laisse à l’imaginaire du visiteur la vision du contenu.
Ce n’est que dans une deuxième étape d’initié que le visiteur pourra avoir accès aux objets convoités.
Les ateliers Lapidaire eurent des commandes de toute l’Europe. La base du cabinet présenté a probablement été réalisée par ou pour son destinataire. Il est en bois doré reprenant les ornements classiques de l’époque et se distingue par un aigle bicéphale, signature probable d’un destinataire d’Europe centrale.
La marqueterie de pierres dures est née à Florence à la fin du XVIème siècle où les sols et les murs sont alors recouverts de mosaïques en pierres dures taillées et assemblées avec grande précision. On parle alors de « marqueterie florentine » qui font l’objet d’un commerce important dans toute l’Europe. Ainsi, en 1580 François Ier de Médicis fit venir des spécialistes milanais de la pierre dure dans son palais florentin, le Casino de San Marco, et en 1599, Ferdinand Ier créa un atelier spécialisé dans la Galleria dei Lavori : L’Opificio delle Pietre Dure (l’office des pierres dures), son organisation aura une grande influence sur le développement des arts décoratifs aux XVIIème et XVIIIème siècles. Les cottimenti (artisans), lissiers, ébénistes, bronziers et doreurs, orfèvres, étaient rigoureusement organisés sous la direction d’un copomaestro (responsable de l’atelier) qui était généralement un artiste connu, tel l’architecte et sculpteur Buontalenti qui succéda à Vasari. Cette manière de détourner les règles des guildes et d’employer dans des ateliers princiers des artisans « libres » venus de l’Europe entière contribua à la dissémination rapide des modes et des techniques. L’idée fut reprise par Rodolphe II, qui attira à la cour de Prague des artisans italiens ; par Henri IV au Louvre (ce qui aboutit à la création sous Louis XIV de la manufacture des Gobelins) ; dans les ateliers du Buen Retiro à Madrid par Charles III d’Espagne (le roi de Naples don Carlos), qui embaucha les artisans florentins privés de mécène après la mort du dernier grand duc Médicis, Gian Gastone, en 1737. Les meubles en marqueterie dite «en pierre dure» se multiplient et font l’objet de cadeaux somptueux et parfois royaux au cours de cette période.
Bibliographie :
Le cabinet un art Européen de la Renaissance à l’époque moderne, Monique Riccardi-Cubitt 1996.
L’identification des marbres, Jacques Dubarry de Lassalle, Vial.

Haut. : 147 cm. Larg. : 98 cm. Prof. : 49,5 cm.

 SHOWROOM - CENTRE VILLE DE VALENCE (26)

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